Dans notre dernier entretien avec le célèbre photographe néerlandais Paul Bellaart, nous nous intéressons à son lien profond avec la nature, à son amour pour l'Irlande et à sa façon de capturer l'essence de ces deux éléments. Paul nous emmène dans les coulisses et au cœur de son processus créatif, là où s'entremêlent la nature, les gens et les souvenirs.


Bio

Je suis un photographe néerlandais qui vit dans le polder "de Ronde Hoep", juste en dessous d'Amsterdam, avec ma femme Nathalie. Ensemble, nous avons trois enfants adultes. Avec près de 30 ans d'expérience, j'ai développé un amour profond de la nature sous toutes ses formes - de la mer et de la boue aux oiseaux et à la pluie - qui sert souvent d'inspiration à mon travail.


Que représente l'Irlande pour vous?

L'Irlande a éveillé quelque chose en moi depuis la première fois que j'y suis allé il y a 30 ans, ce qui me donne envie d'y retourner aussi souvent que possible. C'est le pays dans lequel je pourrais et voudrais vivre un jour. Je m'y rends régulièrement pour travailler, mais aussi pour passer du temps à pêcher avec mes fils. Quelques jours en mer et des soirées au pub avec une tête rayonnante.

Pour moi, l'Irlande a une énergie qui me touche toujours. Il y a là quelque chose de multimensionnel, de mystique et de musical. La nature n'est pas seulement la nature ; c'est aussi, contrairement à de nombreux pays scandinaves par exemple, un lieu humain - où l'on peut sentir l'histoire, ou où quelque chose peut se produire à tout moment. C'est un cadre propice aux histoires, où l'on se sent porté par quelque chose de plus grand. Et enfin, il y a les Irlandais. Je n'ai jamais rencontré autant de gens sympathiques. Il y a sans doute aussi des Irlandais peu aimables, mais je ne les ai jamais rencontrés. Indépendants, modestes, avec de l'humour et une sorte d'abandon à la vie qui semble libérateur. Rien à voir avec ces Anglais coincés, avec leurs manières et leur hiérarchie bien ancrée. Avec les Irlandais, vous apprendrez ce que signifie être léger.


Comment vous sentez-vous lorsque vous êtes là-bas?

Lorsque je suis en Irlande, je me sens tout simplement vivant ! Je respire les impressions du paysage et des gens. Je me sens à la fois étrangement libre, calme et alerte, tout semble aussi bien important qu'insignifiant. Vous comprenez ce que je veux dire?


Que pourriez-vous dire/Qu'est-ce qui vous vient à l'esprit lorsque vous repensez à la séance photo de Blush à Clare?

Notre séance photo à Clare a commencé bizarrement. Les choses ne se sont pas passées comme prévu. Les fées ont pris le relais. Mais grâce à cet abandon, évoqué plus haut, nous avons pu créer des images improvisées et donc peut-être encore plus spéciales.


Avez-vous un moment, un lieu et/ou une image préférés de cette séance photo?

Danielle, notre mannequin, à moitié irlandaise, était particulièrement dans son élément, assise dans un champ de marguerites. C'est une image qui me touche beaucoup. Dommage que les limites de la photographie empêchent de sentir la mer et les algues, d'entendre le vent et les vagues, car il y avait aussi tout cela... La magie.


Qu'avez-vous appris sur la photographie (de personnes) dans la nature? Et le lien avec cette nature?

On obtient beaucoup lorsqu'on photographie quelqu'un dans la nature... sans représenter directement cette nature. Tout ce qui est sensoriel et que vous n'avez pas dans un studio s'ajoute à l'image. Le fait de s'allonger ou de s'asseoir sur le sol renforce encore cette sensation. Plus on est proche de la terre, plus on se sent libre, même lorsqu'on est photographié.


Quel est votre projet personnel le plus cher?

J'ai fait un livre : Last Year's Nest [Le nid de l'année dernière]. Ce sentiment y est très présent à travers des nus dans l'herbe, tous photographiés autour de notre maison. Je devrais peut-être faire une suite et filmer quelque chose comme ça en Irlande.